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Belley
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Thème
Droits de l’homme
Précarité

Les femmes en première ligne de la pauvreté : parole d'un groupe de femmes de Belley

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« Je m’appelle Monique. J’ai 84 ans. Je suis normande, arrivée à Belley il y a 15 ans. J’ai eu 10 enfants et en ai élevé 14, les miens et ceux de mon second mari. La vie n’a pas été facile.

Mes enfants sont nés au Havre. Un de mes enfants s’est suicidé il y a deux ans. Il n’avait pas connu son père qui s’était suicidé juste avant sa naissance. Je me retrouve seule.

J’ai des problèmes de santé, prothèse de genou complètement ratée, en sursis de deux cancers et des problèmes de cœur.

Mes enfants me reprochent de les avoir élevés mais pas éduqués. Mais moi, j’ai perdu ma maman quand j’avais 7 ans et j’ai dû commencer à travailler à 12 ans, et ma belle-mère ne s’est pas occupée de moi. Alors je n’ai pas appris à prendre soin des autres.

Plusieurs de mes enfants ont habité Belley. Maintenant, ils sont tous partis. Je me retrouve seule. La solitude me pèse.

Le logement où je suis actuellement n’est pas fait pour une personne plus ou moins handicapée. Je ne peux pas habiter dans un logement social, on me dit que j’ai trop de ressources et pour le parc privé, je ne gagne pas assez. J’ai pris la décision de partir en foyer logement, je vais donc devoir quitter Belley. Je ne sais pas si l’attente sera longue. J’ai 27 petits enfants mais je ne peux en recevoir aucun, je n’ai aucune pièce pour les accueillir.

Mon médecin m’a prescrit un examen chez un cardiologue depuis plus de six mois mais aucun ne prend de nouveaux patients. Comment je fais ? J’ai aussi un examen à passer suite à mon cancer du sein. Il n’y a plus de médecin à l’hôpital de Belley pour lire les mammographies.

Je n’ai pas le permis de conduire et ce n’est pas maintenant que je vais le passer. Alors pour moi, les déplacements sont très compliqués, je dois tout faire à pied. A Belley, les transports à la demande pour circuler dans la ville ne sont pas assez nombreux. Quand je suis arrivée à Belley, j’avais l’âge pour avoir droit au transport à la demande. Aujourd’hui, il faut avoir plus de 80 ans. Comme il n’y a pas de transport en commun, le transport à la demande doit être développé, accessible à un plus grand nombre.

Depuis des années, je me bats avec les syndicats pour améliorer la vie des travailleurs et aussi des retraités. Les difficultés que je vis ne sont pas seulement financières, cela va bien au-delà.

Mais, je trouve dans le groupe convivial un lieu où je parle et cela me fait du bien de parler de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai subi. »


Ce témoignage est celui de Monique, une des personnes qui participe à un groupe convivial à Belley. Ce groupe est composé de femmes séniors qui vivent des situations de précarité. Leur parole et leur expérience ont pu être recueillies pour alimenter le Rapport Statistique 2023 du Secours Catholique, dédié cette année à la précarité au féminin.

Vous pouvez le retrouver sur ce lien. La parole du groupe de femmes de Belley débute page 103.

Les témoignages de Monique, Gabrielle, Annie et Noéline sont également disponibles en audio sur le site de RCF. Elles témoignent de leur vie rude qui ne les a pas épargnées. De vrais exemples de femmes et mères courageuses et solidaires.