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Les femmes en première ligne de la pauvreté : le parcours d’Alexina, une maman venue en France pour travailler

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Alexina, 47 ans, est portugaise. Une amie l’a invitée à venir en France avec la promesse d’avoir une vie meilleure. Elle est donc arrivée en septembre 2021 à Nantes avec sa fille, Alice, et a commencé à travailler une semaine après. Mais son amie ne lui avait pas expliqué que la vie était aussi plus chère !

Une autre amie l’invite alors à venir travailler à Bourg-en-Bresse quelques mois après. Elle lui dit qu’elle peut l’héberger et même l’aider dans la prise en charge d’Alice. Alexina accepte et arrive donc dans notre région.

Lors de son arrivée, son amie lui demande de participer aux charges de l’appartement. Alexina, qui a alors encore un peu d’argent, s’exécute. Mais à la fin du mois, son amie lui demande de nouveau de participer mais Alexina ne peut plus car elle n’a pas encore réussi à retrouver du travail. Les choses se sont envenimées et cette « amie » l’a mise à la rue avec Alice.

Elle est donc restée dans un coin chaud près d’un immeuble. Au bout de trois jours, elle a rencontré la maraude de la Croix-Rouge qui l’a accompagnée et aidée à trouver une place d’hébergement d’urgence via le 115[1]. Il leur aura fallu trois jours pour obtenir de la plateforme une place dans un hôtel.

Elle y reste une semaine et commence à avoir de grosses douleurs. Elle réussit à voir un médecin qui lui apprend qu’elle a un cancer du sein qui doit être opéré très rapidement. Dans le même temps, elle doit déménager dans un nouvel hébergement d’urgence où elle restera quatre mois.

C'est à cette période qu'elle est venue pour la première fois au Secours Catholique orientée par le Camion Santé de la Croix-Rouge lors de notre Café Matin.

Elle a alors dû suivre une chimiothérapie. La Croix-Rouge et les assistantes sociales de Tremplin ont pu lui trouver une place à Basiliade en juin 2022. C’est un lieu très bien adapté à ses soucis de santé où elle vit toujours aujourd’hui.

L’assistante sociale de Basiliade a alors enclenché les démarches pour lui débloquer ses droits.

Elle s’est petit à petit davantage impliquée au Secours Catholique comme bénévole. Elle ne supportait plus de rester coincée chez elle. Elle s’est impliquée au Café Matin et au Repas Guinguette qui sont devenus comme une seconde famille : être active, voir et rencontrer plein de gens différents fait du bien malgré la fatigue de la maladie.

La chimiothérapie a duré jusqu’à décembre, lui causant une grande fatigue, en particulier en fin d’année où sa fragilité immunitaire l’empêchait de sortir. Pourtant, elle amenait Alice à l’école tous les jours malgré les douleurs. Elle devait parfois faire les trajets avec une canne et certains jours elle n’avait plus la force de faire à manger. Elle n’avait, en effet, pas de personne de confiance disponible à qui confier Alice. C’est à ce moment-là qu’une bénévole, José, est arrivée et a pu l’aider dans son quotidien, en particulier avec Alice.

Après un mois de répit, elle doit suivre une radiothérapie trois semaines qui lui brûle la peau. Si elle est à présent soignée, Alexina doit toujours prendre des médicaments.

Après les soins, elle a appris qu’elle n’avait pas droit au RSA. Elle n’avait travaillé « que » cinq mois et trois semaines au lieu des 6 mois requis. Normalement, elle a droit à l’Allocation adulte handicapé (AAH) mais le versement est bloqué par la CAF depuis janvier 2023. L’organisme lui demande un titre de séjour européen à obtenir à la préfecture. La préfecture refuse de le lui donner car elle n’a ni travail ni revenu. La situation est donc bloquée.

Elle a passé deux semaines au Portugal en août 2023 grâce à son mari. Il ne lui était cependant pas possible d’y rester car elle devait absolument finir son traitement médical commencé en France et Alice aurait dû entièrement se réintégrer au Portugal, ce qui l’aurait mis en difficulté. Son mari aurait voulu venir en France pour les aider mais sans solution d’hébergement ni garantie de trouver un travail, il a dû renoncer.

Ce qui a été particulièrement difficile pour Alexina dans son parcours, c’est qu’avant, elle avait une famille au Portugal alors qu’en France, elle ne connaissait quasi personne, et encore moins des personnes parlant portugais. Elle s’est donc retrouvée complètement isolée face au cumul de difficultés : pas de connaissances locales, la maladie, l’absence de ressources… D’autant qu’elle devait s’occuper d’Alice toute seule. Elle était donc très inquiète.

Sa rencontre avec de belles personnes, son engagement associatif et sa spiritualité lui ont permis de trouver une seconde famille avec qui elle peut avancer.

 

[1] Le 115 est un numéro d'urgence à appeler si vous n'avez pas d'hébergement (en cas d'expulsion, absence ou perte de logement) ou si vous êtes victime de violences familiales. Théoriquement, tout le monde peut appeler le 115 pour être accueilli gratuitement dans un centre d'hébergement d'urgence.